L’assassinat du Père Jacques Hamel aura eu deux effets principaux :
- contrairement à l’attente et l’espoir de certains – et pas uniquement, dans le camp des tueurs – nous aurons assisté à un resserrement sans précédent, des liens des Religions, au travers des réactions de leurs élites – faut-il dire « enfin ! » ? – et par l’attitude exemplaire de leurs ouailles,
- l’événement aura involontairement accéléré le déploiement du voile, non de l’oubli, mais de l’omission, sur les 84 personnes décédées à Nice.
L’émotion revient tout aussi rapidement, quand on apprend le décès d’une 85è personne, des suites de ses blessures. Pierre Hattermann, 56 ans, un père lui aussi, non de l’Eglise, mais de Famille, aura rejoint son épouse, un de ses fils, laissant, ici, une fille, blessée et deux autres de ses garçons.
Au-delà de l’insoutenable que voit-on de la réalité de ces faits ?
Un mélange nauséabond du drame humain et de l’information, le premier survenant, sans réplique possible, la deuxième – image voulue pour montrer sa force de frappe – écrasant tout sur son passage.
Tandis que le Père Hamel devenait un symbole, on ne nous parlait plus de Nice, de ses drames et de ses conséquences, tout aussi soudainement. La lumière passait, sans coup férir, de 84 vies emportées, parce que la roue avait tournée ainsi, à une vie. Cette vie, celle d’abord, d’un homme, qui plus est, assassiné, qui plus est, prêtre, qui plus est, à ce titre, représentant de Dieu sur terre. Ainsi, une vie effacée, effaçait-elle, au nom de la symbolique, 84 autres vies de nos mémoires. Jusqu’au moment où, au moins durant quelques heures, cette 85è vie emportée, sera venue remettre la lumière sur ce soir du 14 juillet, à Nice.
Notions de compréhension et d’incompréhension : besoin de me demander si une vie n’est pas plus, qu’une autre vie ? Si une vie, dans sa forme de mort, n’est pas différente d’une autre vie ? Si une vie est égale à une autre vie ? Si une vie…
Au fond, une vie, c’est quoi ?