«Le ciel lui tombe sur la tête». Si, en 2005, cet album d’Astérix n’a, pour une fois, pas reçu l’accueil escompté, à contrario, la météorite qui est venue blesser des gens et défigurer 3000 bâtiments dans l’Oural, obtient un succès qui lui va bien, un succès digne d’une star ! Le monde entier en parle, à commencer par les français qui savent de quoi il en retourne, puisque l’on constate aujourd’hui, combien nos ancêtres les gaulois avaient raison de se méfier.
La ville de Chelyabinsk et ses environs s’en souviendront : le ciel leur est tombé sur la tête, ce vendredi 15 février. Aucun mort, mais, près d’un millier de personnes touchées. Des traumatismes, des contusions, des coupures pour la plupart, deux blessés graves. Une météorite s’est désintégrée en brûlant dans les couches basses de l’atmosphère. Une lumière blanche très brillante, des débris nombreux dus à sa fragmentation, des explosions violentes, des sons assourdissants, des murs atteints, des éclats de vitres éparpillés, essentiellement, sous l’effet de l’onde de choc… A la base, un astéroïde qui s’est disloqué entre 30 et 50 kms d’altitude. Résultat, surprise totale, la peur, l’incompréhension. Un phénomène unique. Pas tant que cela. On estime que, chaque année, ce sont entre 10 000 et 100 000 tonnes d’objets célestes qui entrent en contact avec la Terre. Objets de quelques kilos, de quelques tonnes, généralement (ouf !), ce ne sont que poussière. Mais au-dessus d’une ville, de cette façon, c’est certainement, effectivement du jamais vu.
Le profil de l’événement doit vous rappeler quelque chose. C’est un phénomène rare, soudain, qui touche de nombreux individus, dont les conséquences sont lourdes en termes de dégâts et qui coûteront cher du point de vue de la remise en état des lieux. Vous l’aurez compris, nous sommes face à une action majeure : une réalisation de Risque. Réalisation de Risque, parce que le Risque est bien, en l’occurrence, au dessus de nous.
Si vous abordez la rubrique «les zones à risque» de risquemajeur.com, vous verrez que la question y est posée : «Mais doit-on évoquer le risque induit par le fonctionnement même de l’Univers et des mouvements provoqués par la matière dans l’espace ?». La preuve est faite, avec l’événement de Chelyabinsk, que l’espace peut s’avérer, mieux, s’avère être un révélateur de Risque Majeur. Si on ne fait que l’observer, il est d’une beauté immaculée, le silence y est d’or, la vision est complexe mais reposante. Il est d’une infinie tranquillité. Seulement, sitôt que l’on imagine les pièges qu’il pourrait cacher, si l’on réalise ce qu’il pourrait déclencher, si l’on mesure notre infinitésimale petitesse devant cet incomparable tableau vivant, on se prend à s’effrayer. Comme quoi, le Risque est partout, y compris au dessus de nos têtes, bien au-delà de la stratosphère. A ce sujet, n’oublions pas que l’homme lui-même a, depuis plus de 50 ans, ajouté quelques ingrédients de Risque possible, tels les satellites qui sont, eux-mêmes, venus renforcer les nombreux avions qui parcourent notre ciel depuis des décennies. Très peu de catastrophes, mais un potentiel suffisant en circulation. Comprenez-moi bien. Ceci n’est qu’un relevé, non une protestation ou une condamnation. Les uns et les autres auront participé à relier les hommes. Mais, simplement, comme toujours, le progrès possède une face obscure, plus délicate à traiter. Pour autant, il n’y a pas lieu de refuser ces avancées. D’autant moins qu’elles participent à lutter chaque jour, plus efficacement, contre le Risque Majeur. Ces objets volants bien identifiés sont des intervenants indispensables, leur utilité n’est pas à mettre en doute. Par contre, les météorites, eux, ne sont pas là pour rendre service. S’ils se montrent, admirons-les… mais, du plus loin possible. Qu’ils ne nous tombent pas sur la tête !
Bernard Sautet