Dix neuf ans… Dix neuf ans d’attente, d’espoir, de désillusion, de «dur, dur » et, enfin, ils y sont parvenus ! Non, ne dites pas «à quel prix !», vous n’êtes pas sympas… Retenons le résultat : le Paris Saint-Germain est Champion de France de Football comme son équipe cousine l’est devenue en Handball. Ce fut long… Alors, Paris s’apprêtait à fêter çà. Façon Quatar, avec la Tour Eiffel en arrière plan, pour le marketing. Sur les photos, de loin, moins grande que Zlatan, mais bien présente, comme sur le maillot du Club.
Et puis, très vite, tout a basculé. C’est un portrait plus rare du Risque Majeur : non pas un non événement qui devient événement, mais un événement qui devient un autre événement, pourri celui-là. Une foule conséquente de dix mille à quinze mille personnes (selon les… ou selon la…, pour une fois on ne sait pas trop), un environnement propice avec un espace que l’on pense suffisant, mais qui n’est pas fermé et est accessible par plusieurs côtés, un échafaudage qui se trouve là où il ne faut pas, si ce n’est justement, c’est sa fonction, pour des ouvriers qui travaillent avec, jour après jour, une animation qui monte en puissance, et deux faits capitaux : un horaire qui ne peut pas être respecté pour cause de succès embouteillé en amont, puisque le car avec les stars de la soirée n’est plus dans la possibilité d’avancer et, sur la place, un mur humain (?), scellé dans la foule des supporters, un mur de vociférations, un mur de vengeance, un mur d’hystérie, un mur de haine, un mur de cons !
Face à ce mur, les équipes de sécurité, appuyées par des forces de police, semblent trop rapidement dépassées. Mais, allez savoir… Oui, justement. Qui a fait, qui n’a pas fait ? Il fallait, il ne fallait pas. Le bal des critiques est ouvert. Et peut-être pas à tort, espérons que l’avenir le dira, preuves à l’appui, alors qu’en l’occurrence, le sport favori n’est plus le foot, mais un sport de combat, vous choisirez lequel. D’ailleurs, pour n’offenser personne, il vaut mieux plus précisément parler de pugilat…
Aux abords des faits, la bataille de la crédibilité sur le sujet sensible de la sécurité, est engagée entre femmes et hommes politiques. Bien. Les coupables sont les casseurs, dixit le Ministre de l’Intérieur, quand l’opposition parle de faute du Préfet. Quand elle ne parle pas de faute du Ministre. Elle ne va pas louper le copier/coller, en souvenir du temps durant lequel elle a été aux affaires ! A chacun son raisonnement, mais il faut rappeler, voire, marteler, qu’au final, lors d’un événement de ce type, la victime n’est pas le politique, en tout cas, pas aujourd’hui, et pas de la même manière. La victime, la vraie, c’est la personne qui n’avait rien demandé et a subi les conséquences. C’est elle qui a pris la déferlante des casseurs. C’est elle qui va devoir faire face à la suite. Qui a eu peur ? Qui a assisté à la mise à sac de ses biens ? Qui va devoir discuter, se battre pied à pied pour obtenir réparation ? Qui va sans doute être traumatisé pour longtemps ? C’est çà la fête du foot ? Et encore heureux pour ces personnes, de ne pas avoir été blessées, qu’il n’y ait pas eu pire. Certainement, une sous-estimation possible des faits, donc une préparation insuffisante est à prendre en compte et sans doute y a t-il des explications à demander. Mais encore une fois, pensons aux victimes. Dans la réalisation du Risque, ce sont les victimes qui sont en première ligne.
Maintenant, tout mouvement de foule est suspect. D’où, l’intérêt de se préparer soi-même, mentalement, physiquement, si on participe. Il peut y avoir, il peut se passer, il peut arriver… Ne cédons rien. Quand on est sur place, observer, repérer, prévenir, dans la mesure du possible. Le possible est plus souvent mesurable qu’on ne l’imagine. Seulement, consacrons-lui quelque attention. Rappelons-le : le Risque Majeur est partout. Il était Place du Trocadéro à Paris, un soir de Fête. Il a joué en mineur, mais, il était là.
Bernard Sautet
15 mai 2013