Le Général de Gaulle n’aurait-il pas prononcé la même phrase, après les attaques dont, le Stade de France puis, Paris, ont successivement été l’objet, ce vendredi 13 ? D’emblée, que les terroristes le sachent : sous leurs coups, Paris ne mourra pas en martyr. Le peuple de Paris a toujours revécu après les assauts. Entre le 19 et le 25 août 1944, Paris se libérait du joug nazi, grâce aux parisiens et à la Résistance. Le 13 novembre 2015, la France pleure l’aliénation de sa Capitale, devant une tout autre forme d’armée de l’ombre. Paris va se libérer.
Nous le savons clairement maintenant : nous sommes en guerre. Nous ? Les occidentaux (la France l’est, depuis le début des années 90). D’autres États, hors Occident, ont, à présent, pris la mesure ou se montrent, comme le font la Russie, la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Quatar, jusqu’à l’Iran, pour ne parler que de certains, parfois, étonnants. Paris, qui en janvier, avait déjà rassemblé, désormais, cristallise une prise de conscience internationale. Daesh veut abattre les « croisés occidentaux », mais, maintenant, de plus en plus de dirigeants dans le monde, s’y opposent plus ou moins clairement, en tout cas, marquent leur position. Seules, des populations, soit, de mauvaise foi (!), soit, par conviction, ne le voient pas. Nous sommes en guerre. Comme s’il fallait enfoncer le clou, les élites de la République, ne disent rien de moins et le répètent à l’envi.
Quand on a établi ce constat, on est en droit, même en devoir, de se demander ce que peut devenir notre position de citoyen. Notre position, à titre individuel. D’un homme ou d’une femme à l’autre, la réflexion personnelle, les échanges avec les autres, l’intérêt porté au sujet, fixeront une décision. Toutefois, il est possible de penser qu’il sortira des points communs qui renforceront les bases de l’appartenance à un seul et même peuple.
Sans doute, est réellement venu le temps de se retourner sur soi et de se poser la question, base du travail sur ce site : je fais quoi ?
Le premier point est celui de la force morale. Se convaincre que les hommes et les femmes que je croise, sont dans les mêmes questionnements que moi, questionnements qui obtiennent des réponses par l’attitude. Ce devra être celle de l’ouverture à l’autre qui entraînera une notion de compréhension de ce qu’il sent ou ressent, qui amènera du partage et non du renfermement, qui créera ou resserrera des liens au lieu d’isoler. Ce domaine de l’attentatoire, implique de se serrer les coudes. En guerre, le soldat est un frère d’arme, de combat. Tous, aller dans le même sens, pour défendre les mêmes idées, porter les mêmes valeurs.
Le deuxième point, c’est d’être conscient puis, convaincu. Ne rien changer à son système de vie, si ce n’est renforcer sa propre vigilance. Et, là, il s’agit de faire appel à la logique, démarche pour laquelle le courage sera pressenti, en renfort. Que cherche le terroriste ? Créer un sentiment de peur insondable, qui, à court terme, arrêtera chacun dans son activité quotidienne, ce qui entraînera, à moyen terme, une déstabilisation des circuits socio-économiques débouchant, à long terme, sur un fléchissement – voire une destruction – de la Démocratie. S’il y parvient, il gagne. Dans le cas contraire, son idéalisme explose avec lui. Et puis, il y a un dernier intervenant, qui est l’État. Garant de la sécurité de ses citoyens et des étrangers présents sur le territoire français, il gère, décrète, décide, selon des règles bien établies. Le fait-il, toujours, en harmonie avec les décisions du citoyen ? Les deux sont, parfois, sinon en contradiction, du moins en parallélisme aléatoire. Ainsi, si le gouvernement incite à continuer de vivre « normalement », il va prendre des dispositions sécuritaires qui iront à l’encontre de ses recommandations, ce qui fera le bonheur du terroriste. Aussi, l’adaptation de l’un aux décisions de l’autre, devront savoir former un duo puissant, capable de faire barrage à l’inconscient. A l’obscurantisme.
Le troisième point est celui du refus : refus de la résignation, refus du renoncement, refus de l’égoïsme. Ne pas penser que rien n’est possible. Entre l’illusoire « Plus jamais çà » et le défaitiste « on n’y peut rien », il y a une zone réservée au « pourquoi pas ? », qui laisse à chacun le choix d’agir avec d’autres ou auprès des autres.
Certains, agiront tout naturellement. D’autres, devront véritablement trouver leur chemin de Damas*. Les derniers, se laisseront aller vers… ils ne savent pas trop, mais ils bougeront. Quel que soit le choix, il sera impératif que tous aient en tête ce fameux final du Général, celui qui doit s’inscrire comme l’objectif :
… Paris, libéré.
Bernard Sautet
15 novembre 2015
* Expression signifiant > trouver sa propre voie.
Origine > épisode biblique : Saul de Tarce, citoyen romain, persécutait les chrétiens. Quelques années après sa crucifixion, Jésus lui apparaît sur le chemin de Damas. Saul se convertit, devient apôtre, prend le nom de Paul, entame son évangilisation.