Vous vous souvenez de Mohamed Bouazizi ?

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Jeune tunisien, obligé d’abandonner ses études en terminale pour vendre ses légumes, afin de faire vivre sa famille. Histoire banale, sauf que le 17 décembre 2010, il s’immolait par le feu. 

Mais, pourquoi ?

Lisez Rufin.

Jean Christophe Rufin ? Le médecin, écrivain, diplomate, académicien ? L’homme à une vie aux multiples séquences ? Mais, pourquoi, lui ?

Il y a peu, je suis tombé sur un de ses articles dans une revue, article intitulé : « Syrie : chronologie personnelle d’un conflit mondialisé »*. On peut y lire que Mohamed, cédant régulièrement aux sarcasmes, confiscations, versements de pots de vin et autres obligations, émanant de divers tenants du pouvoir d’alors, reçut aussi une gifle de la part d’une auxiliaire de police… Quel fut l’élément déclencheur ? Toujours est-il que, peu après, n’y tenant plus, il mit fin à ses jours, de la façon que je vous ai dite… 

Quelle relation à la Syrie ?

Et à Rufin ?

Rufin, sa façon de dire les choses, de décrire les événements, une rigueur d’historien, une force humaniste sans pareil. Son profil me fait songer à Jean François Deniau… On comprend tout dans ses lignes, de ce qu’il s’est passé et de ce qui arrive aujourd’hui. Sept années, d’abord faites de frémissements, d’ébranlements, de révoltes, maintenant faites de combats, d’une guerre. La Syrie et l’état islamique (oui, je sais, on doit écrire l’État et non l’état, mais, là, vraiment pas envie) sont bien là. Resituer cette gifle, pour nous rappeler que nous sommes en guerre. Resituer cette gifle, aussi, parce qu’au bout, il y a eu l’humiliation et au bout du bout, la mort plutôt que la soumission.

Et à partir de là, la levée de tout un peuple qui donna naissance à une secousse qui deviendra révolution. Puis, son extension dans un Pays proche, au travers d’une autre population, avec ce souffle particulier d’un besoin au parfum de Liberté. L’envol, croît-on, de ce que l’on appellera Le Printemps Arabe. Encore une autre secousse se mettra en place, toujours à partir de là, de la gifle. Sans la gifle, rien, certainement, ne se serait passé. L’Histoire déroule, alors, le parchemin d’un nouveau chapitre sur les terres du Maghreb et du Moyen Orient. Et vient le ricochet. Il bondit en Europe, rebondit en Amérique du Nord, rebondit sur le Continent Africain, sous d’autres cieux… Les attentats se propagent. Les peuples s’étonnent, s’inquiètent, se reprennent. Certains lancent le maintenant célèbre « même pas peur ! »… Pas peur ? Sont-ils seulement conscients de ce qu’ils disent ? Par contre, tous, qu’il le sachent ou pas, appartiennent maintenant à un mouvement dont ils peuvent être fiers : ce sont les nouveaux résistants.  

Je, tu il, vous, ils…

Euh, vous avez passé le…

Nous sommes Les Nouveaux Résistants !!!

Oui, c’est vrai, ne pas céder, résister, oui, oui… Seulement, ça ne veut pas dire grand chose…

Non, Gipeurien, mettez-vous dans le bon sens et, si vous me le permettez, dans les deux sens du terme. Après, nous en reparlerons. Vous en reviendrez. 

N’oublions surtout pas : le Monde a reçu une gifle. À partir de là… 

 

* France Culture papier n°19

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