Charlie réfléchit et Charlie agit. Charlie a choisi de faire le fier. Charlie préfère se prendre pour un dur. Charlie provoque. Et cette fois, Charlie, désolé : t’es con ou quoi ?
Charlie-Hebdo ressort ses dessins sur Mahomet, bravo ! Il ne cède rien !
Et, moi, je me pose des questions. Faut-il les narguer ainsi ? Faut-il attiser encore plus de haine ? Faut-il donner des idées à certains, les pousser à y aller ? N’y a t-il pas mieux à faire ? Se servir de ton talent, de tes crayons, Charlie, mais, cette fois, pour aller au devant des gosses, par exemple. Dessiner pour expliquer, encore et encore…
Plus de 50% des français, adhèrent à cette initiative du journal…
Les « Je suis Charlie » de la première heure, qui avaient lancé eux aussi, un retentissant : « plus jamais ça ! ». Les français, détiennent-ils les tenants et les aboutissants de ce type d’affaire, pour répondre, sans trembler, qu’ils adhèrent ? D’ailleurs, c’est l’illustration parfaite de la question des sondages, que nous avons abordée il y a peu, ici même…
Le Président ne veut pas interdire de « blaspémer »…
Bien sûr et heureusement ! La liberté d’expression ne fait qu’un. Mais il met en garde aussi. Je vais modestement, moi aussi, en faire une, mise en garde : nous sommes tout le temps, tous, une cible, globalement ou individuellement. Nous le savons. Ce qui nous sauve, c’est de ne pas vivre avec, 24/24. Par contre, chacun est capable de ne ne rien oublier. Simplement, sans les tambours, ni les trompettes…
Charlie est un re-lanceur d’alerte ! Il ne fait pas de bruit pour rien. Concerné par l’actualité, il déclenche l’alarme, il nous réveille ! Daesh vit, Daesh sévit…
Comme si on ne le savait pas !
Mais, attendez, on ne va pas céder devant les fous de Dieu ? On n’a pas baissé le regard jusque là, on ne va pas commencer maintenant ? C’est bien de leur montrer que nous sommes un peuple fort, soudé…
Fort oui. Soudé, aussi, oui, devant eux !
C’est déjà pas mal. Il ne faut rien lâcher…
Qui vous parle de lâcher ? Ce que nous cherchons à savoir, c’est pourquoi en remettre une couche, quand on sait que le matin, en sortant de chez soi, on peut croiser la barbarie, dès le premier pas posé dans la rue ? Pourquoi aller provoquer ? Qu’est-ce que ça fait avancer ? Est-ce que ça va tuer Daesh ? Est-ce qu’ils vont trembler ? On croirait un abruti qui joue à « kiss-kiss » avec le nonos de son chien. Sauf, qu’à un moment, le chien attrape son os…
Et le bras avec, parfois !
A-t-on vraiment besoin de leur faire de la Publicité. Parce que, je veux bien admettre que la direction du journal ne fait pas ça pour vendre…
Quoique…
Non, je n’y crois pas. Par contre quel coup de pub pour Daesh et ses adeptes ! La France est déjà suffisamment dans le collimateur avec des positions qui dérangent. C’est bien beau de jouer les fiers à bras, mais encore faut-il être prêt à assumer les conséquences. En plus, maintenant, il va falloir renforcer la surveillance de leurs bureaux, sûrement certains domiciles, l’ensemble des collaborateurs risque le retour de bâton. Et le pire, c’est que nos concitoyens peuvent s’attendre à avoir à payer pour un coup d’arrogance inutile…
Inutile ? Pas pour tout le monde : on refait parler d’eux avec un truc comme ça. Bravo, ils sont contents. Ils gagnent !
Mais, encore une fois, nous sommes une nation de liberté, les français ont droit à penser, parler, rire, sans qu’on les empêche en quoi que ce soit… Votre position me choque !
Ah ben, tiens, encore un terme à la mode ! Pour un oui ou pour un non, maintenant, on est choqué. Eh bien, moi, je suis choqué de l’attitude de certains. En fait, je suis outré !
C’est pas très à la mode, ça…
Et je doute de leur sens de la responsabilité, dans cette décision…
Oh non, vous ne pouvez pas ! Vous l’avez dit vous-même, ils ont réfléchi…
Ce qui ne veut pas dire qu’ils ont choisi la bonne stratégie. Elle peut être bonne pour rappeler un fait, qui plus est, dramatique. Sauf qu’elle risque d’être catastrophique en terme de retombées. Ils ont pourtant croisé la mort. Douze personnes, dans les locaux du journal et dans les environs, l’ont trouvée. En plus, où est l’identité de Charlie, où est passé son génie créatif dans cette attaque à peine voilée ?
Oh ! il ne s’agit pas d’attaque, même voilée. Nous sommes dans le souvenir, le rappel, la peine reste…
Ce dessin qui réapparaît aujourd’hui, vous me laissez entendre que c’est un hommage ? Un hommage, c’est évoquer un disparu, en rappelant ce qu’il était, ce qu’il donnait, ce qu’il rêvait, pour lui, pour l’autre. Un hommage c’est un salut. Ce n’est pas un défi !
J’ai appris, qu’après l’incendie des locaux de Charlie-Hebdo en 2011, Wolinski avait dit ne plus vouloir «exciter ces fous»…
Un hommage, c’est un silence.
J’ai beaucoup aimé cette chronique : sujet très intelligemment et exhaustivement étudié et traité. Bravo !