Les quartiers…
Les habitants, les familles, les jeunes, les policiers…
Les pompiers, les grands frères…
Tout le monde est là ?
À part quelques passants, le compte y est, je pense. Et, l’objectif, c’est quoi ?
C’est de se poser les bonnes questions, à savoir que parmi les risques majeurs, les situations explosives dans certains endroits sont actées et qu’il y a lieu de faire le maximum pour parvenir à les remettre dans le bon sens…
Ce qui est commencé.
Oui, mais le travail à faire d’abord, consiste à donner son bon sens au « bon sens »…
Oui, mais, quand on a dit ça, on dit que nous sommes dans un éternel recommencement ?
Absolument. Aussi, on pose une question : sommes-nous dans le vrai, lorsque l’on pense que cette jeunesse – j’allais dire « perdue », je vais dire « égarée » – est désoeuvrée parce que rejetée, par ailleurs ?
D’un autre côté, c’est normal…
On peut l’admettre, mais l’intéressant, c’est le pourquoi ?
La réponse remonte aux années 80, quand vous avez eu un chassé-croisé de populations dans les nouvelles banlieues et extensions de villes en couronne de capitales régionales et départementales. Les nouveaux quartiers des années 60, appréciés des classes modestes et moyennes à l’époque, ont été abandonnés au fur et à mesure de l’arrivée de populations issues essentiellement du continent africain, en première ou deuxième génération, puis plus tard Europe de l’Est, Moyen-Orient, voire d’autres continents encore. On a donc vu des rapprochements se former, des liens ethniques s’établir. De telle sorte que sont nés des rassemblements qui, eux-mêmes aujourd’hui, voient le début d’implantations nouvelles avec la venue, petit à petit, de Catégories Socio Professionnelles moyennes supérieures qui accompagnent l’arrivée de Sièges Sociaux de grandes ou moins grandes Entreprises…
C’est un début d’explication, mais je suppose que les enfants dans la rue…
Ils dépendent de la cellule familiale. C’est elle qui, en premier, habille l’enfant, dès son plus jeune âge, en le structurant physiquement, moralement, intellectuellement. Ce n’est pas immédiatement l’école, ce ne sont pas, parallèlement, les médias, ce n’est pas, ponctuellement la police, pas plus que tout intervenant extérieur, la base est le parent. Tout petit, le gamin a reçu et il applique.
Parfait. Voyons, je me fais l’avocat du diable… exemple totalement imaginé : il fuit devant la police qui vient pour une vérification d’identité…
Ça c’est facile, il en a marre, c’est le x ème contrôle dans la journée !
C’est surtout un problème de dévalorisation de soi…
Qu’est-ce que ça vient faire là ?
Alors, il peut y avoir diverses causes : l’ethnie, la famille, la religion, la classe sociale, le lieu de vie etc. L’attitude, à partir de là, ce n’est pas forcément le rejet de l’institution ou de ceux qui la représentent. C’est avant tout un appel. À un moment ils n’auront plus réussi à s’exprimer, particulièrement au sein de la cellule familiale : la mère dépassée, le père dans le silence depuis toujours, pour ne pas déstabiliser l’équilibre qu’il a institué. Le fils aura trouvé un relais : les autres. Vous remarquerez que ces mômes sont constamment en demande de respect…
Sauf qu’ils sont les premiers à ne rien respecter !
Ils sont persuadés qu’ils ne pourront jamais être intégrés, alors qu’ils expriment un besoin de considération, qu’ils sont à la recherche d’une place dans la Société.
En narguant, hurlant, pétaradant, trichant, cassant, fumant ? Tout cela est bien confus, pour eux, je veux bien le croire, comme pour nous, j’en suis persuadé…
Ils fuient !
Voilà pourquoi ils courent : pour échapper à la réalité. Toutes les réalités.
Et ils peuvent vouloir courir jusqu’à rencontrer la mort…