Il avait 17 ans.
Et donc ?
Il est mort pour rien.
Permettez-moi une première réflexion, s’il avait du mourir pour rien, il serait toujours vivant…
La Palice ?
Non, la police !
Ne commencez pas avec de mauvaises blagues. Pas le moment, pas l’esprit, pas envie, vous le savez parfaitement.
Je veux dire qu’il est mort pour avoir forcé un barrage policier.
Ce qui n’est effectivement pas “rien” et je veux simplement vous faire remarquer que d’autres, beaucoup, beaucoup plus nombreux, sont vivants, pour avoir respecté la Loi. Il y a tout de même un moment où il faut appeler un chat, un chat et indiquer que pendant plus de vingt minutes, ce jour-là, ce garçon – ange, démon, je n’ai pas à juger – aura été un danger public, pouvant mettre la vie d’autrui en jeu, pouvant entraîner jusqu’à la mort ! Qui vous dit qu’il ne l’aurait pas donnée après être reparti, soit à lui, ou/et à ses copains, soit à des gens autour ? Et, je vous le signale, j’oublie les faits annexes…
Mais, enfin, Hon-Sépa…
Je me calme. Ce que je veux retenir, c’est que le policier avait un choix : laisser repartir le véhicule ou l’empêcher. Alors, maintenant, pour ce qui est des moyens, évidemment, la question est cruciale, impardonnable (?). Le policier l’avait décidé, il fallait arrêter sa folle équipée. Quid de la solution ? À présent, à la justice de trancher. Elle va prendre des mois, lui aura eu une seconde…
Hors des idées toutes faites, énoncées particulièrement par nombre de politiques, et pas des moindres…
Je vous coupe, mais je m’interroge toujours en tel cas, sur le pourquoi faut-il qu’ils s’expriment, dans l’heure qui suit, dans la journée, sans avoir toutes les réponses sur ce qu’il s’est réellement passé, sans réfléchir aux conséquences de la médiatisation de leurs propos, sans respect finalement, pour les acteurs du drame et sans souci des retombées. En fait, c’est parti…
Dans tous les sens…
Non, justement, dans un seul. Un jeune a été tué par un policier dont on voit qu’il est lui-même aussitôt assassiné par la parole politique, la médiatique et, en contre coup, la populaire !
La populaire, la populaire, en êtes-vous si sûr ? On lui fait dire ce que l’on veut à la populaire ! Et la Ligue des Droits de l’Homme a bien du réagir, tout de même ?
Dans un sens oui, dans l’autre, je ne suis pas certain…
En tout cas, une députée de la majorité, après bien des jours il est vrai, a lancé un pavé dans la marre en faisant part, je vais dire, de son questionnement, de ses doutes et derrière tout cela, de certitudes qui n’ont pas gêné outre mesure, les réponses outrancières renvoyées par le côté gauche de l’hémicycle…
Une habitude…
Oh, à droite et droite toute, ils n’ont pas toujours grand chose à leur envier !
Je reviens à notre essentiel. En ce qui nous concerne, que voyons-nous ? La venue au premier plan d’un Risque Majeur qui n’est autre que la montée de la violence, en France…
Si on était sûrs seulement de savoir la juguler…
Je ne pense pas qu’il faille pour autant y voir l’émancipation d’une guerre civile, au vu des profils participants. La condamnation de la violence est puissante, dans tout le Pays. Simplement, l’attitude de certains individus ou personnages est aujourd’hui difficilement compréhensible, encore moins acceptable. C’est là où il faut creuser, il me semble. Chez quelques responsables politiques, c’est une évidence, on l’a vu, disons-le clairement, la démagogie est en embuscade ou mène la danse, c’est selon. Dans la population, c’est plus complexe, avec chez certains, un mélange de provocation, de besoin d’exister – donc de se montrer – de colère mais, en partie mal menée. La cible de cette colère devrait être eux-mêmes d’abord, avant d’être les autres. Des populations de quartiers des grandes villes sont observées, on le sait. Mais, nous devons étendre l’arc, en regardant maintenant vers les moyennes et petites villes, vers les villages. Parce qu’il y a un liant qui fait que tout cela existe, je veux parler des réseaux sociaux, pour l’occasion, encyclopédie ou poubelle, selon le point de vue de chacun. La violence de 2023, me semble être la résurgence, j’aimerais dire, le bouquet final de plus de cinquante années de laisser faire, de refus de voir, d’abandon, de mépris, de trouille, d’avancées, de reculs politiques, d’inécoute ou d’incompréhension dans pratiquement tous les domaines, y compris religieux, évidemment en plein questionnement. Le mélange de populations nouvelles ajoute à la complexité, quand l’éclatement de l’éducation, vient déranger un système établi, partant de l’un de ses pivots qui est la famille et les valeurs qui lui sont naturelles, passant par les questions à se poser sur l’école, en pensant particulièrement à l’autorité qu’elle soit parentale, professorale, plus globalement, sociétale et finissant par se heurter à des menaces diverses. Je citerai notre terre, notre monde à peine si lointain par l’accès souvent, si proche par l’image tout le temps, l’évolution technologique particulièrement révolutionnaire, la soif d’une réussite facile avec ses courses aux trésors et, enfin, l’environnement climatique qui s’impose et participe à la casse dans et entre les classes, modestes, moyennes, riches !
Euh, vous n’auriez pas une petite place pour l’optimisme ?
Avec des “si”, bien sûr : du rêve (celui qui vous mène au réel), de l’intelligence, de la compréhension si possible mutuelle, de la volonté, du respect de soi, de l’autre, du travail, de l’amour, ça peut tout à fait le faire…