Je parcourais, hier, le Mariage de Figaro, cette révolution avant l’heure, qu’a écrite Beaumarchais en 1778. Il est vrai que 89 n’était plus si loin… Je suis allé tout naturellement à la diatribe fameuse de Figaro, quand il s’en prend au Comte Almaviva, « son maître ». Entre autres, je lisais ceci : « … je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou ! Je broche une comédie dans les moeurs du sérail. Auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule. À l’instant, un envoyé… de je ne sais où, se plaint que j’offense dans mes vers, la Sublime Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire et qui nous meurtrissent l’omoplate, en nous disant : chiens de chrétiens. Ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant. »…
Je pense voir où vous voulez en venir, mais le parallèle est osé !
Non, si on extrait le texte de sa forme, à savoir le théâtre. N’oublions pas que le personnage de Figaro, à ce moment, se positionne en tant qu’auteur. Sur le fond, Beaumarchais montre en fait, qu’au 18è siècle, déjà, il n’était pas si évident d’aborder ces sujets et que le risque était présent, d’un retour de bâton, toujours possible…
On peut y voir surtout, il me semble, qu’aujourd’hui, aussi bien dans les contenus de Daesh que dans ceux d’Al-Quaïda – puisque ce sont eux qui nous rendent, ici, évocateur de Beaumarchais – on retrouve les germes de cette méfiance et de cette hostilité que les arabes, en tout cas, leurs dirigeants, entretenaient vis à vis des occidentaux et ce, depuis les croisades. Et ce à quoi nous assistons aujourd’hui, au travers du positionnement de ces deux organisations terroristes, n’est ni plus ni moins que le copier/coller des réactions de cette époque. La haine, en plus !
N’existait-elle pas, à ce moment-là ?
Si, très certainement, sous d’autres formes…
Si je vous suis, vous évoquez les condamnations de nos modes de vie, l’expansion de nos sociétés, l’avancée de nos systèmes de pensée, l’évolution de nos moeurs, le recul du religieux, autant de mouvements à leurs yeux, signes de décadence, alors que nous nous estimons, à juste titre naturellement, porteurs de valeurs de liberté, aussi bien du comportement que du raisonnement !
Exact : d’où « Ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant. »…