Le terme de « communauté » commence à sérieusement me défriser, tant son emploi appartient aujourd’hui, au monde du grand n’importe quoi…
Qu’est-ce qu’il vous a fait ?
À l’origine, communauté est un terme dans lequel se retrouvent des gens qui ont un point commun ou qui partagent une caractéristique particulière, identique à chacun.
Ben quoi, rien n’a changé, de ce point de vue ?
Oui, mais tout devient communauté, à tel point que trop de communautés tue la communauté !
Vous pourriez faire simple…
C’est bien la notion de rassemblement qui est le point fort du terme ?
Oui.
C’est bien la notion de partage qui anime les participants à une communauté ?
Oui.
Eh bien regardez à présent, ce qu’est devenu l’emploi du terme. Tout est communauté. La désignation d’ensembles humains se fait au travers du mot communauté : professionnelle, religieuse, ethnique, politique, ludique, sportive, gastronomique, musicale, etc.
Et maintenant, militaire…
Ah oui, j’ai vu une pub et sa « Communauté de défense » !
Bon, d’accord, mais que voulez-vous dénoncer dans tout ça ?
Un grand danger ! Une communauté, en elle-même, basée sur l’idée du regroupement, est en soi, une bonne chose qui ne fait de mal à personne…
Holà ! Vous allez un peu vite en besogne : on a vu des communautés, non seulement dangereuses, mais tueuses.
Vrai. Et c’est justement ce que je dénonce. Ce que je veux dire, c’est que certaines communautés créent des situations qui développent des oppositions à d’autres, ce qui aboutit souvent à l’effet inverse exprimé par le terme. Elles exploitent négativement les valeurs de rassemblement et de partage, pour en faire des éléments destructeurs. Au bout du compte, on se retrouve ainsi, avec des idées porteuses d’affrontement. En l’occurrence, elles affichent, au mieux les notions de division, au pire celles de haine et de mort. On le voit très bien dans notre Société, véritable terreau pour porter des sentiments, idées et comportements malsains. Les oppositions y poussent avec une facilité déconcertante et j’y vois des germes d’éclatement, qu’il faudrait étouffer dés leur apparition…
Donc, commencer par ne plus employer et mettre en avant le mot communauté ?
En tout cas, s’en servir à bon escient.
Je crains que nous touchions là, à ce qui caractérise l’époque que nous vivons. Globalement, on parle, on agit à la vitesse grand V. On mélange tout. On ne prend plus le temps. Particulièrement, le temps de l’interrogation et de la réflexion, nécessaire et suffisant.
Un Risque Majeur qui ne dit pas son nom, mais qui se révèle un peu plus chaque jour.