Si on épluche un Risque Majeur, on trouve quatre phases qui se positionnent autour d’un Point Zéro (instant T), d’un déclenchement d’événement – Réalisation du Risque – toujours possible :
– première phase, en prévention, avant,
– seconde phase, à l’impact, pendant,
– troisième phase, par ricochet, aussitôt après,
– quatrième phase en continu progressif, après.
En amont du Point Zéro, il y a le Risque
proprement dit ou phase de Prévention (avant). C’est le calme plat. Le Risque Majeur est, à ce moment de son existence, le plus grand hypnotiseur qui soit. Vu d’à côté ou d’un peu plus loin, il n’est pas inquiétant. Mieux, il peut être beau, magnifique, grandiose. Son silence peut être profond et, ainsi, rassurer. Il peut ronronner gentiment, sans à-coups. Il peut bien sûr, montrer des signes de nervosité, qui sont autant d’appels à la vigilance, mais il ne sera pas forcément pour autant, en prémices de catastrophe. Par contre, il peut très bien soudainement se montrer, quand on l’attend le moins…
Sur le Point Zéro, il y a le Coup
ou phase de Réalisation du Risque (pendant). Il peut être court ou lent, il est, en tout cas, dramatique. C’est l’instant de l’impact, durant lequel le Risque Majeur exerce toute sa puissance de destruction massive. L’individu peut ou ne peut pas faire face. Pour être honnête, il peut ou ne peut pas vivre. N’oublions pas que, même attendu, le Risque Majeur surprend d’abord, dans le moment, dans la forme, dans le contenu. Puis il impose, une période, une force, une situation. Il oblige les gens à se comporter de façon spécifique. Il ne peut être que redouté…
Accolé, il y a le Contrecoup
ou phase de Compréhension (pendant-après). Le moment est évolutif et se fixe dans des limites contenues entre un point d’interpellation « que m’arrive-t-il ? » et pouvant aller jusqu’à l’exclamation, « vivant, je suis vivant ! ». L’individu réalise au fur et à mesure. Il constate, prend la dimension de son état, coordonnée avec l’interrogation sur ses proches, puis l’environnement. Il peut ou ne peut pas faire face, seul. Il peut ou ne peut pas mesurer, en un temps compté, l’ampleur de la destruction, de la douleur, de la mort autour de lui. Il peut ou ne peut pas tout comprendre
En aval du Point Zéro, il y a l’Après-coup
ou phase d’Apaisement (après). C’est le calme après la tempête, l’interminable questionnement, l’accomplissement après la rupture, la reconstruction après la destruction. Longue période s’il en est, dans laquelle se mêleront travail de soins physique, psychologique, psychique, où se bousculeront questions, réponses complètes et incomplètes et non-réponses sur les faits, sur lesquels se grefferont sentiments d’incompréhension, d’isolement, de suspicion, de culpabilité, de dépression (?), pour parvenir enfin, un jour ou l’autre – plutôt l’autre – à reprendre le cours que certains appellent «normal», de la vie…
Les populations concernées sont diverses et composent le kaléidoscope de notre Société. Chacun sera seul devant sa perception du Risque tout en sachant qu’il appartient à un ensemble. Chacun devra prendre ce qui l’intéresse, démarche minimum. Le jugement personnel est important à ce moment, car qui sait « ce qui peut l’intéresser » en matière de Risque Majeur ? Certains, dans l’ensemble d’une population, sont mieux armés que les autres pour affronter le Risque, ne serait-ce que par leur formation, leur activité, leur sens de la découverte, de la recherche de compréhension, leur âge, bien sûr. Les autres vont faire apparaître plusieurs catégories, allant jusqu’à l’antagonisme. Certains vont montrer de l’intérêt, par curiosité. Certains, vont être désintéressés, par je-m’en-foutisme. Certains vont montrer de l’intérêt, par crainte. Certains vont être désintéressés par incrédulité. Certains vont montrer de l’intérêt, par rigueur. Certains vont être désintéressés par flemme. Certains vont montrer de l’intérêt, par observation (aussi bien du phénomène que des recommandations). Certains vont être désintéressés par rébellion (contre la Société). Certains vont montrer de l’intérêt, par superstition. Certains vont être désintéressés par fanfaronnade. Et d’autres… Bref, chacun sera dans son rôle. Or, le Risque Majeur, n’est pas un pari à faire sur un match de foot. Chacun devra se rendre compte de l’importance de son choix. De vie ?