A elle seule, elle a su centrer les sujets et les causes qu’elle a défendus, pour en faire des pivots de l’humanisme d’aujourd’hui. La place de la Femme dans notre Société. La construction de l’Europe et sa place dans le monde. La force, l’obligation, la place de la mémoire, pour ne pas laisser l’obscurantisme effacer la triste Histoire des camps de la mort. Elle rassemblait, elle associait, elle unifiait. Elle dérangeait, aussi…
Simone Veil partie, un seul être vous manque !
Une vérité, oui, dans la mesure où le combat des femmes a su s’intégrer dans la Société française, de façon certainement plus intelligente depuis 1974, suite à son combat pour l’IVG. Mené à la demande du Président Giscard d’Estaing, sur les bancs de l’Assemblée Nationale elle a d’abord essuyé le pire de ce que l’on peut trouver dans le machisme. Hors, en matière de féminisme, le sectarisme n’était pas de son fait. Les diatribes, les arrogances, les certitudes hautaines, elle n’en voulait pas. Elle écoutait, répondait et, fermement s’il le fallait. Au coeur d’un féminisme radical, Simone Veil a su avancer sur les chemins des droits de la Femme, au travers aussi, de son action menée pour la parité en politique ou l’émancipation des femmes dans le travail. Deux voies appliquées à elle-même, puisqu’elle aura marqué son époque par son travail en politique et sa politique dans le travail : alors qu’elle était ministre, elle devient tête de liste UDF en 79, et mène sa liste à la victoire, désignée par ses pairs, dans la foulée, première Présidente du tout nouveau Parlement Européen élu au suffrage universel. Mélange subtil de la filière politique et de l’acharnement au travail. Et puis, ce que nombre de personnes autour d’elle – à commencer par son mari, Antoine Veil – ont appris, tard, par ses échanges médiatiques, elle émeut également les français en décidant de parler sur l’enfer qu’elle avait traversé successivement, à Auschwitz-Birkenau, Bobrek puis Bergen-Belsen. Elle avait 16 ans lorsqu’elle fut arrêtée… Un tel parcours de vie, de tels événements, s’ils n’ont pas être considérés comme une leçon pour chacun (quoique…), ne doivent cependant pas faire oublier ce que cette Femme a su apporter à notre génération, celle de l’après guerre et aux générations suivantes. Plus qu’une leçon, plus qu’un exemple, nous devons voir en elle, un modèle. Jean d’Ormesson n’a rien voulu dire d’autre, à sa façon, lorsqu’il a accueilli Madame Veil, en concluant son discours d’intronisation à l’Académie Française, en 2010 : « Madame, nous vous aimons ».
Une voix s’est éteinte…
Certes, mais une voie est à suivre…