Je suis à la fois, triste, en colère, perturbé…
Il y a de quoi !
La série continue…
Pourquoi cet enchaînement de haine ? Je suis triste devant cette mort d’un homme, dont on sait dès aujourd’hui, qu’il était bon…
Et même, s’il en avait été autrement, c’est abject !
Aussi, je suis en colère. En colère quand je pense à la source du mal : ces dessins ! On y revient, en boucle. Et si ce type d’attaque, de crime, de monstruosité devait se reproduire, je regarderais, à chaque fois, vers Charlie… Oh je sais ce que vous allez me dire et vous aurez raison. Mais vous ne m’ôterez pas de l’idée que cette haine a été attisée par l’indifférence…
L’indifférence ?
Aux conséquences. L’incompréhension, la vengeance, la haine. L’indifférence de tout ça ! Et la classe politique suit…
Et elle a raison. Vous ne pouvez pas céder un pouce de terrain, devant de tels actes. Vous ne pouvez pas laisser un moindre interstice se créer dans le bloc laïcité. Charlie l’a bien compris !
Mais, encore une fois, faisons-le de façon crédible, avec intelligence. Que faisait ce professeur ? Il amenait ses élèves à la réflexion, à une prise de position intérieure pour chacun. Il apportait des explications, il a été jusqu’à tenir compte du courant de pensée d’une partie de ses élèves, en les prévenant. Il était parfaitement conscient de ce qu’il faisait. Il n’attaquait pas, il ne provoquait pas !
Oui, mais à chacun son métier…
C’est pourquoi vous me voyez profondément perturbé, même si je suis pleinement d’accord. Le journaliste est plus indépendant, en tout cas a priori. À chacun, qui son mode de pensée, son scoop, son attaque, qui sa dérive. Celle des journalistes de Charlie Hebdo, sur ce coup, en est une, puissante. Ce n’est pas possible, vous ne pouvez pas tout dire, tout faire. En conférence de rédaction, sur un nouveau numéro du journal, ne me dîtes pas qu’ils ne se remettent pas en question, dès qu’une idée jaillit chez l’un ou l’autre ! Je suis naturellement pour la liberté de la Presse, comme pour toute autre liberté, mais attention à ne pas dévier…
Que doit faire l’ensemble des professeurs maintenant, pour montrer que nous ne céderons rien ? S’emparer du sujet et, tous, montrer les dessins incriminés aux élèves ?
Vous voulez dire, tel jour, à telle heure, dans toutes les classes de France, dans les écoles françaises à l’étranger, ils devraient dégainer les dessins ? Impossible, vous ne pouvez pas leur demander ça. Non…
Non, il y aurait trop d’enjeux. Humains, de liberté de pensée, de conscience surtout…
De peur ?