La Philosophie, si elle ne l’est pas encore pour chacun d’entre nous, doit devenir, puis être, rester une discipline performante dans l’engagement que nous tenons, individuellement contre le Risque Majeur. En la matière, sachons être raisonnablement égoïste, que diable ! Chacun à sa manière, peut (doit ?) intégrer cette discipline, comme outil de positionnement (réflexion/conclusion) et/ou comme arme pour le combat (mental/action).
«Ce qu’un seul homme peut apporter à la connaissance de la vérité par sa propre recherche et par son propre talent, est quelque chose de petit, en comparaison totale de la vérité, mais ce qui est produit par la réunion de toutes les choses coarticulées, c’est à dire recherchées et rassemblées, devient quelque chose de grand». Dixit St Thomas d’Aquin. En fait, si c’est ce que je crois, chacun peut s’analyser et créer sa propre forme de philosophie. J’allais dire, «sa propre force de philosophie», dans la mesure où la réflexion comportement/environnement peut prendre corps sur la base de : qui je suis ? = je me connais > où je suis = j’adhère à (ou je refuse) l’espace environnant. La philosophie sera alors, pour l’essentiel, analytique avec la décomposition d’éléments constituant ma personnalité (ce que je suis réellement et non ce que je représente) et celui de mon environnement (ce qui m’entoure, là où je suis). L’idée est donc de décortiquer son soi, de le rendre perceptible et perfectible, de l’admettre et de faire avec, au sens d’agir avec. Idem pour l’environnement : quel est-il exactement, quelle en est ma perception ? Comparaison entre les deux résultats, jusqu’à parvenir, au final, à les superposer. A partir de ce travail introspectif et d’observation, en faire un outil de décision. Je fais quoi ? Face au Risque Majeur, je reste > j’agis ou je pars > je renonce. Ce qui n’est pas obligatoirement négatif, ni un déshonneur. Le Risque est partout. Simplement, une approche peut mieux nous correspondre qu’une autre. L’une ou l’autre des décisions amène, si l’on veut bien poursuivre la démarche, à la philosophie de combat. Ici ou ailleurs.
Elle est une continuation, dans la mesure où, ayant acquis la dimension réelle de soi et de l’espace que nous côtoyons, la connaissance représente la plate-forme de combat nécessaire à notre engagement contre le Risque. Qu’est-ce que cela implique ? D’abord, de nouveau une décision, à savoir, axer le mental dans la droite ligne des conclusions mises en exergue par l’analyse. Et au vu des résultats, se positionner. Cette démarche exige une forme de courage voire l’accomplissement d’un acte virile, dans le sens de la prise de risque quant à l’enjeu. L’enjeu, justement, c’est remplir une mission qui est celle de se surpasser, dans la décision et le comportement et de devenir un exemple pour d’autres. C’est : «je décide d’engager le combat contre le Risque, je dois et vais avoir le comportement irréprochable du combattant». Il ne s’agit pas d’être le stoïcien bête et méchant qui ira à la mort s’il le faut, mais il ne s’agit pas non plus de devenir l’épicurien sans tête qui profitera du plaisir à ne plus savoir qu’en faire, c’est à dire, en l’occurrence, qui ne fera aucun effort et se verra, au final emporter par les événements. Certes, on peut perdre au combat. Donc on peut perdre contre le Risque. Mais si on ne combat pas, évidemment, c’est perdu d’avance !
Voilà en quoi, une dose de philosophie acceptée et appliquée peut parfaitement nous permettre de tenir tête au Risque, surtout quant il est considéré comme Majeur.
Bernard Sautet
Mai 2014