Cette période du Coronavirus met en avant l’exercice préféré des français, je veux parler du Yakataka…
Laissez-moi deviner : un jeu japonais ?
Pas du tout : une mélodie pour certains, une cacophonie pour d’autres. Un pur produit made in France !
Une petite explication ?
Le Yakataka serait apparu, semble-t-il, au temps des Gaulois et demeure encore aujourd’hui, une activité très franco-française. En fait, il s’agit du « y a qu’à.. » et du « t’as qu’à… » qui sont les extériorisations de la critique systématique, du jugement à l’emporte-pièce, de la suffisance absolue, du savoir prétentieux, de la certitude de quelques uns, alors qu’en ce moment par exemple, on se trouve face à la plus grande des incertitudes que l’on puisse connaître…
Il est évident, qu’on assiste à une exaspération de comportements qui deviennent insupportables. Le nombre de gens qui donnent leur avis sur tout est phénoménal. Non seulement, les connus qui, sous prétexte d’avoir, ne serait-ce qu’un soupçon de notoriété, la ramènent pour un oui ou pour un non.
Et ce sont toujours les mêmes…
Oui et, maintenant, avec les réseaux sociaux, c’est tout un chacun, qui y va de son Yakataka. Personnellement, je supporte de plus en plus mal…
Je peux comprendre, mais, justement, ne sommes-nous pas en France ? Ce qui veut dire que l’on peut s’exprimer…
De là, à parler pour ne rien dire, il y a une marge. S’ils avaient des propositions concrètes, peut-être saurions-nous nous y intéresser. Mais non : ou c’est la critique à l’état brut ou c’est l’État qui n’a qu’à faire. Prenez le cas du « Y’a qu’à » faire cracher les riches ! Bien sûr que les riches peuvent participer à la solidarité nationale. Sauf que, nombre d’entre eux le font, déjà, d’eux-mêmes. Mais, pour ces adeptes du Yakataka, l’idée est toujours la même : taper sur les riches et les faire passer par l’impôt ! Il se délectent de ce mot impôt. Ils auraient un soupçon de bon sens, ils se diraient que les riches participent pour beaucoup, à l’expansion économique d’un pays et, par ailleurs, surtout ils prendraient les choses en mains. Tenez, par exemple, qu’ils se servent de leurs chers réseaux sociaux ! En son temps, ils ont bien su créer une cagnotte pour un tapeur de flics…
Oh, ce rappel, c’est pas très gentil…
Ils pourraient, par exemple en créer une, incitative pour les personnes aisées, dont le montant permettrait, le moment venu, de participer à la relance de la machine économique, prometteuse d’une régénération d’un système social déstabilisé…
Simplement, il faudrait que la cagnotte change de nom, pour s’appeler trésor de guerre…
Ah, oui, la guerre contre le virus…
En plus, j’en suis persuadé, ce dénigrement constant ou appelez-le comme vous voulez, participe de la défiance des gens dans la lutte contre le Covid-19.
Pourtant, quelque chose me frappe actuellement, tout particulièrement : le Yakataka s’est trouvé une nouvelle dimension, avec un certain nombre de prises d’initiatives individuelles, que je qualifierai de positives, de pragmatiques, voire de décisives. Des femmes, des hommes ont renouvelé tout un pan de l’atmosphère sociale, par leur créativité. Leur réalisme a retourné le sens du Yakataka, par le seul fait, de se l’être approprié en se l’appliquant à eux-mêmes. Si on continue dans cette voie, sans doute va-t’on assister à de belles réalisations…
J’ai comme l’impression que les français se responsabilisent… Et ils le font dans un cadre de Risque Majeur, vous l’aurez remarqué !
D’ailleurs, le Gouvernement l’a bien compris, qui a rendu possible un accompagnement personnel des phases de confinement (les masques, les aides et participations de voisinage etc.) et, leur laisse une marge de décision dans son plan de déconfinement (l’école, les 100 km etc.).
Finalement, ces français ont réinventé le Yakataka. Il a de beaux jours devant lui !