Pas de repos pour nos armées. Après l’Afghanistan, le Mali. Les militaires sont au boulot. Et nous, en alerte. Nous nous posons des questions. Qui abattra qui ? Le terrorisme abattra-t-il nos démocraties ? L’inverse serait mieux. On s’en occupe. Le terrorisme, Risque Majeur, à notre niveau, doit être traité en tant que tel. Devenu événement au cours des années 90, depuis, il fait irrégulièrement parler de lui, mais il fait parler. De plus en plus. Il est Risque dans ses terres de création, d’accueil, comme il l’est sur nos territoires d’Occident. Risque Majeur, il surprend, sème la mort, détruit, coûte cher.
Risque Majeur, il l’est à double titre : de façon large, il s’étend au monde entier, de façon plus restreinte, il peut agir localement. Et puis, il l’est d’une troisième façon, puisqu’il attire des jeunes surtout, des moins jeunes aussi, qui peuvent être véritablement embrigadés dans un système qui les dépasse totalement.
Il s’étend au monde entier, on le voit avec des attentats au Moyen Orient, mais aussi en Asie, en Afrique, le Nigéria est malheureusement l’exemple actuel, sur le continent américain où la forme est, en règle générale, différente, en Europe occidentale, en Russie… bref, nul pays n’est épargné.
Il agit localement, on le voit, sinon chaque jour, en tout cas, souvent, trop souvent. Et à ce titre, le renforcement du plan Vigipirate en France, que j’évoquais ici, il y a peu, le démontre. Les Etats ont dû s’organiser. Certains savent le faire, d’autres moins, en tout cas, la prise de conscience est universelle.
Il attire. Le fait islamiste est avéré. On sait que, sous des aspects religieux, se cachent surtout une organisation de destruction, une application de grand banditisme, un système lucratif, parfaitement rôdé d’enlèvements. La lutte contre le fanatisme est certainement le premier maillon de l’engrenage à stopper, dont l’enrôlement est la source.
On nous l’a dit, on nous le répète, les français peuvent avoir confiance en leurs protecteurs que sont les services de l’Etat dont les services secrets sont, à n’en pas douter, le fer de lance, même si, chez chacun d’entre nous, la part de fantasme est bien présente sur ce point. Mais, au moins, ce fantasme nous incite à prendre le sujet au sérieux. Qu’il fasse rêver, s’étonner ou se dire détaché, il nous implique dans une réflexion, voire une action. On sait que tout peut arriver, car on sait que, malgré les suivis, les écoutes, les filatures, les infiltrations, nos agents ne peuvent pas tout. Nous aussi, on surveille. Aujourd’hui, une partie de l’enjeu se traite, de façon visible, au Mali. Demain, l’intérêt se portera ici, là, ailleurs, certainement pas nulle part. Ce Risque Majeur fait partie de la grande famille du crime organisé. Il ne fait pas de bruit jusqu’à ce qu’il se révèle. Alors, il est trop tard. C’est justement une caractéristique du Risque. Ici, aussi, «le Risque dort, pourtant il ne se repose pas». Comme lui, notre vie ne se repose pas. Nous sommes – ou devons être – attentifs, particulièrement dés que nous nous trouvons dans un lieu public ou privé, à fortiori, quand il est fortement fréquenté. Ainsi, nos trajets doivent nous rendre prudents, nos visites dans des lieux sportifs, culturels, cultuels incitent à la vigilance et nos vacances ne prennent pas de vacances. Nos soldats, nos agents, nous-mêmes, sommes maintenant – ou devons être – sur le qui vive. Où que nous soyons, quoique nous fassions, notre attention doit savoir être soutenue.
En ce moment, la France voit rouge, Vigipirate oblige. Sur son territoire, à l’extérieur, nous sommes fragiles. Il faut le savoir.
Bernard Sautet
30 janvier 2013