Parmi les derniers feux, dans le Gard, certains, on le sait avec certitude, sont l’oeuvre de criminels.
Je sais que cette expression est juste, mais je vous avoue que « l’oeuvre » est un mot qui ne mérite pas un tel abaissement, quand on voit le panorama de désolation qui se présente sous nos yeux. Ces centaines d’hectares brûlés et, par dessus tout, la mort d’un homme qui, lui, accomplissait une oeuvre : tout faire et, d’abord, son métier, pour sauver des vies, des lieux de vie et la nature.
Vous parlez plus précisément, de ce pilote de Tracker, Franck Chesneau, décédé le 2 août ?
Bien sûr. Les types qui commettent ces actes de mises à feu, je suis désolé de le dire ainsi, ce sont de véritables salauds !
Ne sont-ce pas avant tout des malades ?
Je suis d’accord, il y en a, mais ne peut-on arrêter de se cacher toujours derrière son petit doigt ? Pourquoi ne veut-on pas reconnaître que, à partir du moment où l’on parle d’acte criminel, c’est un crime qui a été commis ! Parlons net : puisque la piste de recherche privilégiée est, elle aussi criminelle, au bout il y a un criminel !
Ce que je…
Arrêtez. Arrêtez de chercher toujours des excuses à celui qui n’en mérite pas forcément. Plus tard, peut-être, pourrez-vous me dire qu’il avait des circonstances atténuantes. Si, au final, le dossier en révèle. Uniquement si l’enquête en fait apparaître.
Et la présomption d’innocence ?
Vous avez raison. Juridiquement. Humainement, à partir du moment où le Procureur a clairement évoqué l’acte volontaire, dés que les faits sont avérés, ne peut-on appeler un chat, un chat ? Et les hectares partis en fumée ? Et le drame vécu par les habitants ? Et cette nature qui mettra des années pour se refaire ? Et cet homme, mort, pour avoir tenté de sauver ce qui n’a pas pu l’être ? Cet homme qui laisse une famille, des camarades de combat – je rappelle que le feu est un combat – des amis ? Et, les expressions employées lors des points Presse, « deux départs de feu concomitants » ou « dix feux simultanés », ça veut dire quoi pour vous ?
Je vous l’accorde, il n’a pas été un héros seulement le jour de sa mort. Il l’était bien avant, comme le sont ceux que vous évoquez, ses camarades, pilotes d’intervention, comme le sont les pompiers au sol, et plus largement, tous ces missionnaires, soldats et gendarmes, policiers – même si je dois en énerver certains – personnels civils engagés sur différents fronts… dans l’exercice de leurs mission, comme le sont tous individus qui vont, un jour, risquer leur vie pour sauver celle de l’autre.
Après de tels drames, ne laissons pas le salaud l’emporter sur le mort.