Vigipirate, est un système de veille du territoire national, à géométrie variable avec cinq niveaux d’alerte, de 0 à 4. Créé en 1978, sous la Présidence de Valéry Giscard d’Estaing, il possède une finalité des plus claires : en résumé, terroriser les terroristes, pour reprendre la célèbre phrase de Charles Pasqua, fraîchement nommé Ministre de l’Intérieur en 1986.
Si la gestion du dispositif est des plus élaborée, sa réussite sur le terrain ne pourra être démontrée, sans la participation des citoyens que nous sommes. Bien sûr, dans cette période loin d’être neutre pour la France, après son engagement au Mali, l’Etat assure un renforcement de la surveillance de tous les bâtiments recevant du public, tout comme Il déploie sa vigilance dans les transports, qu’ils soient aériens ou ferroviaires. Les manifestations éventuelles seront suivies de près, plus qu’à l’habitude, les entrées des grands magasins sont filtrées, les sacs plus systématiquement fouillés, une surveillance accrue est engagée sur les sites administratifs, les points de rassemblement religieux, les lieux culturels. Et nous ne sommes pas dans la phase d’alerte la plus élevée du plan. Tant mieux. Si tel était le cas, c’est qu’un faisceau d’indices inquiétant aurait été mis en avant. Nos services veillent, représentés par des femmes et des hommes disponibles, qui ne manquent pas de courage, ni d’abnégation.
Mais, ici, aussi, nous avons un rôle à jouer en tant qu’individu. Nous avons, dans ce Risque Majeur, comme dans tous, notre part de responsabilité à prendre. D’abord, elle est collective. En restant soudé devant cette nouvelle adversité qui peut se présenter pour la France, les individualités que nous formons et qui constituent un ensemble, appelé peuple, démontrent d’ores et déjà au terroriste en embuscade, qu’il ne nous effraie pas. Il perçoit un bloc humain puissant, qu’il pourra – peut-être – toucher, mais qu’il ne désarçonnera pas, qu’il ne détruira pas. C’est une première prise de responsabilité de la part de chacun.
La seconde, c’est de ne pas être timoré devant un doute, tel un paquet isolé, qui nous interpelle, tel un chariot empli de valises et de sacs de voyage, sagement rangé dans un coin, tel un objet qui peut nous paraître curieux. Sachons ne pas être timoré, en signalant, au plus vite, ce que nous voyons à une force de sécurité présente dans les parages. Le ridicule ne tue pas. Lui.
Bien sûr, là ou le doute se complique, c’est quand il prend forme humaine. Nous nous trouvons, alors, en situation d’interrogation devant quelqu’un qui, par son accoutrement, son attitude, son regard, ces interrogations qui émanent de lui, déclenche en nous une alarme. Une conviction. Alors, dans la seconde, Je fais quoi ? Lui parler ? Le ceinturer ? Hurler, pour que tout le monde s’éloigne immédiatement ? Le laisser passer, alors que nous avons la certitude que l’irrémédiable se prépare ? Notre instinct fera surement le boulot, en fonction de notre force ou de notre faiblesse de caractère, de notre personnalité de timide ou de grande gueule. Et encore, pas sûr. Simplement, le réflexe, quel qu’il soit, sera notre réponse. Pas le temps d’y penser, mais pas facile d’être un héros ! On est à la frontière de la victime.
Dans chacune de ces situations, notre responsabilité première, au final, c’est uniquement d’assumer ce que nous sommes dans l’instant. Cela n’empêche pas de commencer par une réflexion maintenant, d’entamer ou d’intensifier le travail sur soi, formateur, rassurant, efficace, celui qui donne ou confirme une nécessaire confiance en soi.
Bernard Sautet
15 janvier 2013